🦅 Des animaux en direct et une blogueuse qui ne dit pas tout
Pendant la première période de confinement, des interactions avec des animaux sont nées, en direct. En décembre, une blogueuse a retardé l'annonce de la naissance de son fils.
arobase, c’est chaque semaine une rencontre avec celles et ceux qui font internet (artistes, vidéastes, chercheuses et chercheurs, journalistes) ; des pépites, souvenirs de temps passé sur internet ou documents originaux ; des rendez-vous de choses à voir et à écouter.
🦅 Rencontre avec Jonathon Turnbull et Adam Searle
Il y a presque un an le nombre de spectateurs de la webcam montrant en direct les faucons pèlerins installés à Sheffield, en Angleterre, a cru. Non seulement parce que la période de reproduction, en mars-avril, est propice à l’activité et donc au spectaculaire ; mais aussi parce que de nombreuses personnes étaient enfermées chez elles.
L’université de Sheffield accueille des faucons pèlerins depuis 2012, et s’il n’y avait que quelques dizaines de personnes qui regardaient les oiseaux en direct jusqu’au début de l’année 2020, ils étaient plusieurs centaines chaque jour au plus fort de la première période de confinement, selon les déclarations d’un représentant de l’université à la BBC.
Ces faucons, mais aussi des chèvres accessibles via Zoom, ou des rendez-vous pour nourrir des chiens en visioconférence sont tout autant d’événements liés au confinement du printemps 2020 que Jonathon Turnbull et Adam Searle, deux doctorants en géographie à l’université de Cambridge, ont étudiés. Ils les ont appelé des « quarantine encounters », ou « rencontres du confinement » entre l’homme et des animaux.
La thèse de Jonathon porte sur les relations entre humains et animaux dans la zone d’exclusion de Tchernobyl, en Ukraine, depuis l’explosion d’une centrale nucléaire en 1986. C’est à l’occasion de son travail qu’il a découvert des « expériences Airbnb » d’un genre nouveau. Confrontés à une baisse de moyens, les responsables d’un refuge s’occupant des chiens vivant dans la zone d’exclusion ont proposé des visioconférences permettant d’assister au nourrissage des chiens.
Les deux chercheurs parlent également d’appels sur Zoom où intervenaient des animaux de la ferme. Des interventions imaginées par des refuges pour gagner un peu d’argent et sollicitées par des entreprises pour « essayer de faire sourire les employés », ainsi que le rapporte le gérant d’un refuge aux chercheurs. Une ferme anglaise a ainsi témoigné avoir gagné plus de 50 000 livres, soit près de 60 000 euros, grâce à ces appels.
Ces expériences étaient parfois l’occasion de partager un discours sur des régimes alimentaires sans viande, à la grande surprise de certain·es spectacteur·ices. « Si les personnes fréquentant habituellement un refuge peuvent être sensibles à un tel discours, ce n’est pas forcément le cas d’un·e internaute qui souhaite juste voir des animaux de la ferme. Certains ont d’ailleurs changé leur image de profil pour du steak haché ou du bacon, pour montrer leur mécontentement face à un discours vu comme politique », raconte Adam.
Ces différentes expériences en direct sont à comparer avec les documentaires animaliers traditionnels, selon les deux chercheurs. Alors qu’on était habitué à l’image parfaite, montée, retouchée, ces nouveaux flux proposent une interaction « en direct », une « connexion avec la vitalité d’un animal », explique Adam. « Les conditions du confinement ont créé de nouvelles formes de relations et de marchandisation des vies non-humaines à travers des rencontres numériques », rappellent les deux chercheurs dans leur article.
Et Adam d’imaginer le futur des zoos… À partir du moment où l’on a pris l’habitude de rencontrer des animaux dans toute leur vitalité grâce à internet, où des visites peuvent être faites sans trop bousculer ces animaux, ou pourraient l’être bientôt grâce à des hologrammes, que penser d’un séjour dans un zoo où les animaux sont présentés encagés, loin de leur environnement naturel ?
Pépites
Chaque semaine, je vous propose des pépites, souvenirs de temps passé sur internet ou documents originaux.
« I hear you just had a baby » Après plusieurs semaines d’attente, le 4 décembre 2020, les abonné·es d’Hannah Bronfman ont découvert de la bouche de Barack Obama qu’elle avait accouché. À l’occasion de la sortie de son dernier livre, l’ancien président discutait en visio avec cette DJ et « influenceuse » ; leur échange a été partagé sur le compte Instagram d’Hannah.
« He is ten days old today », a-t-elle répondu à l’ancien président, surprenant ses abonné·es : depuis plusieurs jours, elle racontait en effet que son fils tardait à arriver. Le 3 décembre, la veille, elle postait une vidéo d’elle, toujours enceinte, qui détaillait le contenu de son sac pour la maternité. Le 3 décembre encore, Brendan Fallis, le futur père, postait également une vidéo ironisant sur le fait que le terme était dépassé mais que le nouveau-né n’était pas encore arrivé.
Leur fils est né le 20 novembre, et dans un post sur Instagram elle s’explique : « Je vous promets que nous ne le cachions pour aucune autre raison que de profiter des premiers jours de notre bébé comme nous le souhaitions. Nos cœurs explosent alors que nous nous prélassons dans une bulle d’amour faite de câlins, de caca, des repas endormis et de présentation de Preston à nos familles. Nous apprécions vraiment votre patience et votre compréhension sur le fait que peu de choses sont plus sacrées que les deux semaines que nous venons de passer avec le dernier-né de notre famille !! »
Dans un article sur les liens entre fans et célébrités sur Twitter, en 2011, les chercheuses Alice Marwick et danah boyd donnaient quelques éléments sur ce qu’elles appellent des relations parasociales : « Bien que les conversations sur Twitter fassent l’objet d’une médiation, elles apparaissent improvisées, contribuant à l’impression que le lecteur voit la personne authentique et vraie au-delà de la célébrité. »
La journaliste Sadhbh O’Sullivan mettait en garde, sur Refinery29 : « À moins d’avoir un peu de contexte sur la personne en la connaissant, ou en obtenant une confirmation in real life que son moi en ligne n’est qu’une facette d’une personnalité beaucoup plus large, il est difficile de voir une personne avec laquelle on est dans une relation parasociale comme un·e individu·e compliqué·e avec une vie au-delà de ce qu’elle partage. »
« L’influenceur·se est, dans son ensemble, une personne problématique et avec des défauts, comme tout le monde », concluait la journaliste. Peut-être que le mensonge d’Hannah Bronfman et Brendan Fallis était un rappel à leurs abonné·es qu’ils n’étaient pas parfaits.
À écouter
En Côte-d’Ivoire, on les appelle des « brouteurs », ces cyber-escrocs qui depuis l’Afrique de l’Ouest notamment tentent d’arnaquer des internautes dans le monde entier. France Culture revient sur ces « arnaques à la nigérianne ».
Ces fraudes à l’avance de frais se sont développés au Nigéria depuis les années 1970, suivant l’évolution technologique en passant du courrier papier au fax, puis à l’email. Est également abordé l’aspect revanchard de ces pratiques contre les anciens colons, et les poncifs retournés par les « brouteurs » pour récupérer de l’argent.
Grâce à Lost Memories Dot Net, j’ai passé ma soirée d’hier à refaire mon blog perso, y ajouter des liens vers mes sites préférés et à discuter avec des amies en chat. On parlait de tout de rien, on s’assurait que chacun avait bien raconté sa journée sur son site personnel…
Le jeu, sorti en 2017, nous plonge en effet dans l’ordinateur d’une jeune adolescente en 2004. Le retour en arrière est garanti, si tant est que vous ayez utilisé un ordinateur à cette époque, pour des préoccupations adolescentes.
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