Blogueuse et TikTokeuse, même combat
« Julie & Julia » raconte l'expérience d'une blogueuse devenue autrice, au début des années 2000, résonnant avec le parcours des créateur·ices actuelles.
Blogs
Il y a quelques jours, j’ai regardé Julie & Julia, un film sorti en 2009 avec Meryl Streep et Amy Adams. La première joue le rôle de Julia Child, autrice qui a apporté la cuisine française dans les foyers américains. La seconde joue celui de Julie Powell, qui a lancé en 2002 un blog reprenant une par une les recettes de Mastering the Art of French Cooking, écrit par la première, dans ce qu’elle appelle le « Julie/Julia Project ».
« Julie Powell cherchait un défi. Dans le projet Julie/Julia, elle en a trouvé un. Risquant son mariage, son travail et la santé de son chat, elle s’est lancé dans un exercice un peu cinglé. 365 jours. 536 recettes. Une femme et une cuisine merdique en banlieue. »
The Julie/Julia Project, 25 août 2002
Internet Archive conserve des traces de ce blog, commencé en août 2002. Sur un autre blog de l’autrice, on retrouve des traces de la sortie du film, sept ans plus tard. Au delà des multiples plats français et du trajet parallèle de deux femmes qui se découvrent grâce à la cuisine, le film raconte également les débuts publics de la blogosphère. Quand une blogueuse devenait petit à petit une personnalité publique, et son blog un livre.
On retrouve célébrées dans ce films des choses qui sont devenues aujourd’hui terriblement banales : les premiers instants en ligne, où le public n’est composé que de proches, l’excitation en découvrant un premier commentaire, le moment où l’autrice « perce » quand son blog est découvert par des journalistes.
« Percer »
A quoi ça ressemble, tant qu’on en parle, de « percer » sur TikTok ? Amocide a commencé sur cette plateforme avant de comprendre que d’autres espaces se prêtaient mieux à ce qu’elle veut partager. Dans une vidéo, elle raconte sa première année sur TikTok.
Au programme : l’adaptation de ce qu’elle veut dire aux formats imposés par la plateforme ou appréciés par le public, le cyber-harcèlement qu’elle a subi et l’absence de réactivité de la plateforme, notamment pour empêcher les commentaires négatifs… Elle explique surtout comment son exploration de TikTok l’a poussée à développer son contenu ailleurs, principalement sur YouTube.
Ce cheminement a également été adopté par plusieurs créateur·ices interrogé·es l’an dernier par Rest of World. Ignoré·es par le « Creator fund » de TikTok – qui monétise les vidéos les plus vues – parce que leur pays n’est pas concerné, les vidéastes ont choisi de se déporter sur YouTube ou des solutions de livestream pour tenter de vivre un peu de leur passion.
Cagnottes
« Ça fait beaucoup de bien, des amis de très longue date ou avec qui je n’étais plus trop en contact ont donné, ou étaient contents pour moi. J’ai reçu beaucoup d’amour ! C’est trop touchant de voir que les gens sont toujours là. »
L’an dernier, Numerama rencontrait plusieurs personnes trans ayant ouvert des cagnottes pour les aider à financer leur transition. De nombreux frais apparaissent pour des personnes qui se retrouvent bien plus souvent que la moyenne dans des situations précaires.
Une démarche qui n’est pas simple entre sentiments de honte, problèmes avec le changement d’état civil ou demandes abusives des plateformes de justificatifs d’opération pour débloquer les fonds.
Pour les personnes qui créent ces cagnottes, elles se justifient par une faible prise en charge de la Sécu, le souhait de s’éloigner de la procédure officielle ou une manière de rééquilibrer les privilèges financiers dont bénéficient les personnes cisgenres, qui n’ont pas à effectuer de telles opérations pour vivre.
Aux Etats-Unis où la protection sociale est catastrophique, il est fréquent de voir des cagnottes pour tous types de frais médicaux ou chirurgicaux. Certaines sont reprises par les médias, comme preuve de générosité d’une nation pour ses malades et dépassent leurs objectifs, mais d’autres restent désespéramment vide.
Ce sont les conclusions d’une étude, reprise par Gizmodo et menée sur un demi-million de campagnes lancées sur le site GoFundMe entre 2016 et 2020. Elle montre également que le revenu médian collecté est inférieur à 2000 dollars. Enfin, notent les auteurs : “Les collectes de 2020 ont rassemblé beaucoup moins d’argent dans les régions avec des dettes médicales importantes, des taux d’assurance élevés et des revenus les plus bas.”
Rendez-vous
Le collectif NØ s’est emparé de la programmation du laboratoire de la Gaité Lyrique, établissement culturel qui met en avant les « cultures post-internet », pour composer un NØ LAB en plusieurs rendez-vous.
Je participerai à une conférence sur la culture internet et les réseaux sociaux, le 24 février – la semaine prochaine, donc – intitulée Au-delà du doomscrolling, aux côtés de la chercheuse Laurence Allard (interviewée ici) et de l’artiste Marion Balac (interviewée là). J’ai prévu de parler des embûches créées par les algorithmes et la personnalisation du contenu à la veille journalistique sur les réseaux sociaux. Il est prudent de réserver !
Un dernier pour la route
Zillow propose sur le web des annonces immobilières. Le site permet notamment de voir ces annonces sur une vue satellite, révélant les anciennes propriétés sous les échangeurs routiers.