Quand créer en ligne pousse à l'épuisement
Quelque soit la plateforme, certains créateur·ices qui s'y produisent racontent un épuisement lié au constant besoin de alimenter leurs comptes et des conséquences parfois désastreuses sur leur vie.
arobase, c’est une newsletter quasi-hebdomadaire qui arrive le jeudi à l’heure de la sieste. L’idée c’est de vous faire rencontrer celles et ceux qui font internet, qu’ils et elles soient chercheur·ses, artistes, vidéastes… L’idée c’est de créer des liens entre la recherche scientifique et la recherche artistique. De s’amuser aussi.
N’hésitez pas à nous proposer des souvenirs de vos séjours en ligne, des liens intéressants, des expositions à visites, des livres à lire ou des personnes à découvrir. Vos contributions sont grandement attendues !
Pépites
Chaque semaine, je vous propose des pépites, souvenirs de temps passé sur internet ou documents originaux.
« Autant que je sache, mes followers sur Instagram étaient mon ticket pour la célébrité et la fortune. Sans aucun doute, si j’atteignais un certain nombre de followers, ça me ferait arrêter d’être triste. » Dans un long témoignage dans The Guardian, Bella Younger revient sur les effets qu’a eu sa célébrité sur Instagram sur sa vie, et sa vision d’elle-même.
Elle a commencé sur Instagram un compte parodique, proposant des astuces bien être ou des partenariats tordus. Elle se prend ainsi en photo, le visage marqué par le Stabilo, ou encore enduit de crême Chantilly, prétendant mettre en valeur les produits. Elle raconte l’addiction aux likes consécutive à cette notoriété, ses yeux rivés sur son compteur, des maladies associées…
Elle n’est pas la seule à découvrir de mauvais effets à un métier souvent moqué et déconsidéré et dont les effets semblent minorés. Taylor Lorenz, journaliste au New York Times, a rencontré plusieurs créateur·ices sur TikTok qui racontent leur fatigue et leur envie d’arrêter.
« C’est un peu comme si on avait un goût de célébrité, mais qu’il n’est pas constant et dès que vous l’atteignez, elle disparaît et vous essayez perpetuellement de la retrouver », raconte Lauren Stasyna, créatrice sur TikTok de 22 ans. À cette sensation d’être pris dans la roue du hamster s’ajoutent par ailleurs du harcèlement ou le pillage de leur travail.
Un épuisement en rien spécifiques à ces deux plateformes, rappelle Taylor Lorenz, citant des comportements similaires sur Instagram ou YouTube. Et on retrouve les mêmes interrogations chez certain·es blogueur·ses au début des années 2000…
En juin 2018, la blogueuse Betty Autier, qui tient le Blog de Betty, racontait sur Instagram : « Quand on me disait que blogueuse n’était pas un métier et que j’avais la belle vie ^^, que mes journées consistaient à ne rien faire et que j’étais tout le temps en vacances… C’était pas vraiment faux ^^ À un détail près : être jugée et scrutée chaque seconde par un univers sans pitié ! Certains arrivent à gérer ça beaucoup mieux que d’autres. À partir de 2012 mon cerveau a pété les plombs et mon corps aussi ! »
« Ils sont en contact permanent avec les autres, et, un peu comme le personnel soignant, leur profession est souvent dévalorisée. On peut vraiment dire que c'est une population à risque », analysait Clémence Peix-Lavallée, une sophrologue spécialisée dans le burn-out, interrogée par le HuffPost en 2018.
À voir, à lire
Dans une courte vidéo, arte rappelle le travail de conservation menée par l’artiste Olia Lialina, notamment à la suite de la fermeture de Geocities. « Mes œuvres montrent le monde en ligne en dehors des grandes entreprises numériques », témoigne l’artiste. « Le temps où les gens pouvaient construire leur propre coin de l’internet est terminée », constate-elle.
« Sur Skyblog je peux décorer comme je veux, mettre des images, des vidéos. Si je devais refaire un blog aujourd’hui, je n’irai pas sur Overblog ou WordPress, je resterai sur Skyblog. » Comme Alexandre, qui raconte sur Skyblog l’histoire du roi Arthur, plusieurs utilisateur·ices continuent d’utiliser Skyblog, vue comme une plateforme d’un autre temps, dont nous avions parlé il y a plusieurs mois.
Numerama a rencontré plusieurs de ces utilisateurs et utilisatrices, qui expliquent leurs choix de rester sur la plateforme, se félicitant des nombreuses possibilités de personnalisation ou par simple fidélité. Une inquiétude cependant croît parmi eux : que la plateforme s’arrête.
« Je reste fidèle à Skyblog » : des années après, ils continuent de lâcher des coms, Aurore Gayte, Numerama, 11 mai 2021
Et sinon
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