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🍁Best-of d'automne

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🍁Best-of d'automne

Les rĂ©seaux sociaux s'embrouillent eux-mĂȘmes et peuvent pousser certains utilisateurs dans des trous noirs. Olia Lialina plonge dans le « cloud ». Internet compte toujours plus de liens morts.

Oct 28, 2021
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🍁Best-of d'automne

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Difficile de rĂ©unir des Ă©lĂ©ments pour des newsletters en ce moment, mais difficile Ă©galement de passer Ă  cĂŽtĂ© de notre premier anniversaire (et du mien, qui tombe aujourd’hui). Le premier numĂ©ro a Ă©tĂ© envoyĂ© le 5 novembre 2020 et Ă©tait l’occasion d’une conversation avec Virginie BĂ©jot, bidouilleuse Arduino (entre autres. Nous vous proposons donc un petit best-of, alimentĂ© par des liens glanĂ©s, des Ă©changes passĂ©s


Réseaux sociaux

Nos discussions avec Caroline Sinders et Ben Grosser l’ont montrĂ© : le rĂŽle des rĂ©seaux sociaux sur nos vies est parfois inquiĂ©tant ou mĂ©rite Ă  tout le moins qu’on s’y intĂ©resse. « Ce n’est pas raisonnable qu’une seule entreprise, n’appartenant qu’à une seule personne, puisse gĂ©rer un algorithme qui contrĂŽle ce que trois milliards de personnes voient en ligne, s’inquiĂ©tait Ben Grosser lors de notre discussion. Beaucoup de gens n’ont pas l’impression qu’ils peuvent se dĂ©connecter d’un site comme Facebook. »

Image
Filipe Vilas-Boas a dĂ©posĂ© la « croix » utilisĂ©e pour sa performance Carrying the Cross au cƓur du tympan de l’ancienne abbaye Saint-LĂ©ger de Soissons

Ces jours-ci, de nombreux contenus ont Ă©tĂ© publiĂ©s sur le fonctionnement de Facebook, et sur l’impact de ce rĂ©seau sur nos vies, qui ne vont pas dĂ©mentir l’artiste. Le Monde racontait ainsi, documents Ă  l’appui, que l’algorithme affichant les publications sur Facebook Ă©tait si complexe que les ingĂ©nieur·es de l’entreprise ne le comprenaient plus et n’en maĂźtrisaient pas les effets. « Les diffĂ©rentes parties des applications de Facebook interagissent les unes avec les autres de façon complexe » et il n’y a pas de « vision systĂ©mique unifiĂ©e », rapporte ainsi Le Monde.

Facebook galĂšre aussi Ă  limiter les effets pervers de ses algorithmes de recommandation, qui peut en pousser certain·es vers QAnon ou vers des contenus promouvant l’anorexie. Ce qui ne leur est d’ailleurs pas spĂ©cifique
 Il y a quelques jours, des chercheur·ses menĂ©es par Olivia Little et Abbie Richards, ont publiĂ© une Ă©tude rĂ©alisĂ©e sur TikTok. En prĂ©-sĂ©lectionnant quelques comptes transphobes et en n’interagissant qu’avec des vidĂ©os du mĂȘme acabit, elles ont rapidement Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  des vidĂ©os suprĂ©macistes, antisĂ©mites, racistes, sexistes et homophobes.

Trends in TikTok's "For You" page (FYP) narratives following engagement with transphobic content
Un graphique trÚs scientifique qui documente le nombre de contenus haineux identifiés en regardant TikTok pendant deux heures.

TikTok, par ses petites boucles réconfortantes, les « algos ritournelles » évoquées par Laurence Allard, peut donc aussi guider doucement vers toujours plus de haine par un simple jeu de recommandations. Et les boucles vidéos, caractéristiques de la plateforme, peuvent également se révéler diaboliques.

« Ces vidĂ©os sont un exemple de comment les utilisateur·ices de TikTok utilisent la combinaison unique de son, de vidĂ©o et de texte pour crĂ©er du contenu haineux – et parfois violent. Alors que le texte en tant que tel ne contrevient pas aux rĂšgles d’utilisation de TikTok, remise dans leur contexte, ces vidĂ©os apparaissent Ă  la fois haineuses et dangereuses. »

Elles citent Ă  l’appui l’exemple d’une vidĂ©o Ă©voquant le haut taux de suicide parmi les personnes trans (une sur deux selon la vidĂ©o), qui ne prend son sens qu’en Ă©coutant l’extrait musical utilisĂ©, qui dĂ©clare qu’« on n’en est qu’à la moitiĂ© du chemin ». Une spĂ©cificitĂ© qui rend encore plus complexe la modĂ©ration, surtout automatisĂ©e. L’occasion de réécouter le podcast consacrĂ© aux modĂ©rateur·ices, qui trient les dĂ©chets du web sans beaucoup de considĂ©ration, dont nous vous parlions le mois dernier.

CimetiĂšre

L’automne est la saison d’Halloween, de la Toussaint et de la fĂȘte des morts. Sur internet, les morts sont nombreux, parmi les utilisateur·ices, mais Ă©galement parmi les sites. Justifiant les travaux d’archivage menĂ©s notamment Ă  la BibliothĂšque nationale de France, Ă©voquĂ©s ici il y a quelques semaines, les liens morts sont toujours plus nombreux.

Plus on avance dans le temps, plus le nombre de liens morts augmente

On sait ainsi que 56% des sites Ă©lectoraux liĂ©s Ă  la campagne Ă©lectorale de 2012 ont disparu dans les cinq annĂ©es suivantes. L’intĂ©gralitĂ© des liens partagĂ©s dans le livre Free Stuff from the Internet, publiĂ© en 1994, sont inutilisables aujourd’hui. En Ă©tudiant les liens insĂ©rĂ©s dans les articles du New York Times, des chercheur·ses ont identifiĂ© que 72% des liens trouvĂ©s dans des articles en 1998 ne fonctionnaient plus. Le web pourrit et rien n’est fait.

« Peut-ĂȘtre aussi faut-il en faire le deuil ? », suggĂšre Sophie Gebeil, dans un long article de CTRLZ consacrĂ© Ă  ces liens cassĂ©s. « Toutes ces traces en ligne sont des traces de notre histoire, de notre vĂ©cu Ă  l’instant T. Cela pose des questions sur ce qu’il faut conserver  » La chercheuse s’est spĂ©cialisĂ©e dans l’étude des archives du web, ainsi qu’elle nous le racontait au printemps.

Plongée

À quoi ressemble une plongĂ©e dans le cloud ? L’artiste Olia Lialina a pris l’expĂ©rimentation au pied de la lettre, dans Hosted. CommandĂ©e par Arebyte Gallery, Ă  Londres, l’Ɠuvre fait nager Olia elle-mĂȘme Ă  travers 70 services d’hĂ©bergement d’images ou hĂ©bergeant des images, en dĂ©composant une vidĂ©o en autant de photos.

En ouvrant toutes ces captures dans autant d’onglets et en navigant d’un onglet Ă  l’autre, on peut ainsi voir l’artiste Ă©voluer dans une piscine. Ils nous plongent dans des urls aux formats peu lisibles, puisqu’ils ne sont souvent envisagĂ©s que pour « servir » les images sur d’autres sites.

L’Ɠuvre nous permet d’effleurer le concret de ces hĂ©bergements dans les nuages, comme l’expliquait Olia Lialina dans un texte prĂ©sentant son travail. C’est aussi l’occasion, lĂ  encore, de voir l’éphĂ©mĂšre du net : un an Ă  peine aprĂšs la crĂ©ation de l’Ɠuvre et sa mise en ligne, certaines images sont dĂ©jĂ  innacessibles.

Capture faisant partie de l’Ɠuvre Hosted hĂ©bergĂ©e par Habr Ă  l’adresse hsto.org

À lire

« La frontiĂšre du monde au jeu est fine, et pour la traverser, ne sont requis que quelques points par-ci, un chronomĂštre par-lĂ  : du monde Ă©merge alors un drĂŽle de jeu, au level design anormalement ingĂ©nieux. » C’est ainsi que Guillaume Granjean raconte, dans le dernier numĂ©ro d’Immersion, une revue sur le jeu vidĂ©o, le jeu GeoGuessr.

Une capture d’écran de GeoGuessr en 2013

Nous avions dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© le jeu reposant sur Google Street View dans un prĂ©cĂ©dent numĂ©ro de cette infolettre. Guillaume Granjean raconte ses amusements, Ă  la recherche d’indices dans des paysages rĂ©els mais ressemblant furieusement Ă  un jeu vidĂ©o. Il partage Ă©galement quelques Ă©changes entre lui et un ami, alors qu’ils jouent tous les deux, qui montrent aussi la poĂ©sie qui se crĂ©e de l’autre cĂŽtĂ© de l’écran :

- Ah oui, pas mal. Bon, je suis Ă  1305 kilomĂštres.
- (rires)
- Eh bien voilĂ . Tous les territoires qu’il y a au nord dans l’espĂšce de truc rond
 Je sais pas du tout ce qu’il y a dans cette rĂ©gion du monde.
- Eh bien, il y a
 Mourmansk : c’est pas un port militaire, ça ?
- Si si, c’est un grand port militaire, que je voyais pas du tout là, mais qui est là visiblement. Bon, eh bien
 Suivante ?
- Allez
- Trois, deux, un, zéro.
- C’est parti.

  • GeoGuessr, la description du monde, Guillaume Granjean, Immersion n°6

J’ai rĂ©cemment discutĂ© avec une bibliothĂ©caire, un ripeur, un cuisinier de restauration scolaire et un responsable du tri, parmi d’autres, qui ont un point commun : ils et elles partagent sur TikTok leur vie professionnelle. Discussion face Ă  la camĂ©ra, chorĂ©graphies, trends du rĂ©seau ou sensibilisation sont au menu de ces agent·es


Captures des comptes de @jimmycorreia93, @guifoulecantinier et @bmiepinal

En comparant ces crĂ©ations avec les posts bien plus institutionnels des collectivitĂ©s sur le rĂ©seau, on se rend compte du dĂ©calage, et de l’intĂ©rĂȘt de montrer son visage aux utilisateur·ices. « Nous sommes reconnues dans la rue », s’amuse ainsi Laury Zinsz, bibliothĂ©caire Ă  Épinal, dans les Vosges. « Nous avons bien aimĂ© l’utiliser sur notre temps personnel, et nous voulions voir ce que ça pouvait donner pour le travail. »

  • Sur TikTok, des agents territoriaux sans filtre, Alexandre LĂ©chenet, La Gazette des communes, 25 octobre 2021

Un dernier pour la route

Combattus par les majors du cinĂ©ma et la Hadopi, les screeners se rĂ©vĂšlent, plusieurs annĂ©es plus tard, de passionnantes archives de l’accueil d’un film dans une salle de cinĂ©ma.

Twitter avatar for @DaFeenom
TheFrenchPhenom @DaFeenom
Qui aurait cru que les screeners dégueulasses qu'on téléchargeait à l'époque deviendraient des témoignages/images d'archives sur les réactions du public au moment de la sortie en salles des films ?
Twitter avatar for @OutOfContextTRB
Theater Bootlegs OOC @OutOfContextTRB
Spider-Man 3 (2007, CAM RIP) (Sony Pictures, Columbia Pictures, Marvel Studios) Submitted by Ryan the Movie Fan Credit to @KellytoyDK https://t.co/MKzILnd5Yi
1:43 PM ∙ Jul 13, 2021
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